Wednesday, January 12, 2011

Le Cambodge face au problème de la drogue

Jeudi 13 janvier 2011


Le Cambodge va t-il faire face à la gravité du problème de la drogue ? The Cambodia Daily, un quotidien en langue anglaise, a annoncé ce matin en première page la détention du chef de département de narcotiques du ministère de l'intérieur, le général Moek Dara, et d'un autre haut fonctionnaire de police, le Lt Colonel Chea Leang,tous deux, suspectés d'avoir trempé dans des activités criminelles en matière de drogue. Actuellement, ils font l'objet d'intenses interrogatoires, sous l'autorité du ministère de l'intérieur. De quoi sont- ils reprochés, se demande t-on ? Il est impossible d'avoir pour le moment une reponse précise. Il faut attendre les résultats de l'enquête, a précisé le porte-parole du ministère de l'intérieur.

La semaine précédente, le commissaire de police de la province de Bateay Meanchey, une province limitrophe de la Thailande, a été relevé de ses fonctions pour implications dans les affaires de drogues. La même sanction frappe également son adjoint. Tous deux feront l'objet d'enquête par les officiels de l'Autorité nationale anti-corruption.

Les problèmes de la drogue au Cambodge, c'est comme l'arlésienne, on en parle souvent, mais on ne les voit pas souvent de manière visible, sauf quand on arrête de jeunes délinquants drogués qui ont commis des crimes ou des délits ou quelques rares gros bonnets de la filière comme c'était le cas de Oum Chhay, un des conseillers du Président de l'Assemblée Nationale, qui s'était suicidé en 2007 en sautant de la fenêtre d'un bureau du ministère de l'intérieur où il était détenu, après avoir été arrêté en flagrant délit au cours d'un transport des produits chimiques à un laboratoire de fabrication de drogue à kompong Speu.

Géographiquement parlant, le Cambodge est le prolongement de ce qu'on appelle le triangle d'or, traditionnement considéré comme une zone de production et de passage des stupéfiants de toutes sortes. Cette zone, située aux confins de la Birmanie, de la Thailande et du Laos, est généralement productrice de l'opium, l'un des stupéfiants les plus connus en Asie depuis longtemps. Ce sont des territoires généralement montagneuses, difficiles d'accès, donc peu contrôlables. Là, les producteurs, les passeurs et les traffiquants de toutes sortes, peuvent exercer leurs lucratives et criminelles activités en toute tranquillité, sans que les autorités officielles y mettent leur nez. Après, ils vont écouler leur précieuses marchandises sur les marchés, surtout sur les marchés internationaux où ils peuvent obtenir beaucoup d'argent. Avec le Cambodge comme l'une des zones de passage, ces précieuses cargaisons seront acheminées vers l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le continent américain et l'Europe. On comprend alors l'intérêt de ces groupes criminels d'avoir des points d'appuis et de soutien logistique en territoire khmer. Ces hauts fonctionnaires cambodgiens ainsi mis en cause faisaient-ils partie du réseau, ou opéraient-ils isolément ? Dans le premier cas, c'est beaucoup plus grave, puisque deux ou trois individus ne sont que quelques éléments du maillon , des complices pourraient encore exister, donc opérer et réactiver le réseau qui ne semble pas encore complètement et définitivement démantelé. L'enquête en cours va apporter certains éléments d'information, susceptibles de nous faire une idée de ce que pourrait être la situation dans ce domaine sensible. Affaire donc à suivre ! ! !

Thursday, February 4, 2010

Où vont les jeunes khmers ?

5 février 2010

Dans son numéro du 5 fév.2010, le quotidien The Cambodia Daily a inséré dans sa rubrique des faits divers une information qui présente à mon sens une importance particulière. Il s'agit en effet de l'arrestation par la police locale de 4 jeunes à Banan dans la province de Battambang, porteurs de 3 épées,couramment appelées sabres de Samourais. La police les a relachés quelques instants plus tard après les avoir sommés de ne plus employer ces armes à des fins criminelles.

Un tel fait m'incite à faire deux observations . D'abord, il s'agit de braquer la réflexion sur le fait que l'état de notre économie ne peut créer suffisamment d'emplois pour noss jeunes qui sont en age de travailler. Ces quatre jeunes de Banan, porteurs de sabres, font assurément partie de l'armée des chomeurs qui essaiment actuellement dans notre société. Et qui dit chomeurs , dit charges pour la communauté nationale tout entière. Chaque année, environ 150 000 jeunes sont entrés sur le marché du travail, et notre économie dans l'état actuel ne peut offrir tous les emplois possibles à ces jeunes. D'où une certaine tension sur le marché, d'où une pression permanente sur le niveau du salaire. De telles pressions auront tendance à se perpétuer à moyen et long terme, dans la mesure où le modèle économique actuel n'est pas adapté avec l'évolution et les nécessités économiques et sociales du pays. La fonction publique, à elle seule, ne peut à l'évidence procurer assez d'emplois pour la population, en constante augmentation. Le secteur privé ou mixte, dans la mesure où il dispose suffisamment de libertés d'actions et de climat économique ou politique favorables, constitue la voie prioritaire dont dépend le processus de croissance, donc de création d'emploi. Pour cela, les pouvoirs publics doivent contribuer à aider ce processus pour qu'il puisse fonctionner dans de bonnes conditions, et surtout annihiler certaines contraintes ou d'entraves d'ordre politiques ou administratives qui handicapent notablement les activités économiques privées. Parmi ces contraintes, on pense en particulier à la complexité des formalités administratives, à l'existence des pots de vins qui gangrènent actuellement l'appareil administratif tout entier. Donc autant de facteurs qui hypothèquent toute initiative de production et d'échanges dans le pays.

Il convient de méditer ensuite sur la culture d'impunité dans laquelle sombre de plus en plus profondément notre société. Pas plus que les jeunes, les adultes et les vieux aussi se plaisent inconsciemment dans cette culture. On s'y habitue, certains bien agréablement soit par peur, soit par aveugle compassion, sans se rendre compte que finalement cela pourrait un jour retomber sur soi-meme ou sur ses proches. Alors là, on pourrait regretter amèrement que ce comportement collectif fondé sur la facilité et sur une fausse bienveillance va conduire au suicide collectif. Mon inquiétude est d'autant plus grande que cet état d'esprit est ancré solidement dans la conscience collective à tel point qu'il devient un sujet tabou dès qu'on parle de discipline ou de sanction dans les discussions quotidiennes. Par quel cheminement, arrive t-on à ce point ? Beaucoup m'ont avoué que ce sont les gens les plus hauts placées qui ont commis des fautes lourdes, genre corruption, violation des lois et règlements, crimes ou délits, etc.... Avaient-ils le courage d'avouer leurs fautes et d'aller devant les juges ? Cela est d'autant plus hypothéthique que ces fautes sont souvent commises dans le cadre d'un système organisé de corruption ou de malversation dont il est très difficile de faire la part des choses. Les tribunaux, eux-aussi, font partie de ce système, à la fois complexe, opaque et compact. Comment assiéger une telle citadelle, apparemment imprenable et inaccessible ? Telle est la grande question. Aux Etats-Unis dans les années 30, il y avait une équipe d'incorruptibles, prete à affronter les mafias et à assainir la fonction publique. En Italie dans la décennie 60, on trouvait quelques juges courageux qui osent attaquer de front les manaoeuvres corruptrices de certains milieux d'affaires ou politiques. Au Cambodge, peuvent-on espérer trouver pour le moment de telles tetes courageuses, qui acceptent de risquer leur vie pour restaurer la morale publique et sauver le pays des méfaits de la corruption ? Pour l'instant, on est encore loin de ce reve-là. Mais après tout, on a tout de meme le droit de rever et d'espérer ! L'espoir fait vivre !

Cambodge : situation des droits de l'homme

Vendredi 5 février 2010

Une ONG locale dénommée Adhoc, vient de publier son rapport 2009, dans lequel elle fait état de la situation des droits de l'homme au Cambodge. Ce rapport a surtout souligné une recrudescence des cas de violences sexuelles sur les femmes et les jeunes, soit 460 cas enregistrés contre 419 en 2008. Parmi ces cas, 15% ont été résolus selon les voies extra-judiciaires, à l'amiable, certaines victimes n'ayant d'autres moyens que d'accepter les offres proposées par leurs ravisseurs.

Le rapport a noté en outre les restrictions dans le domaine des libertés d'expression et de réunion.Il a enregistré en effet 25 plaintes contre les journalistes; les agents des NGO's, eux-aussi ne sont nullement épargnés. Ils ont fait l'objet de 235 plaintes en 2009 contre 164 l'année précédente, soit une hausse de 44%.

Une telle situation fait penser que le droit à l'information et `a la critique est de moins en moins toléré dans le contexte actuel, elle ne concorde que peu avec les affirmations du porte-parole du gouvernement : " ces critiques sont la preuve que le gouvernement respecte les libertés d'expression et les droits de l'homme...." ( The Cambodia Daily du 5/2/10) . Eternel dialogue de sourds !

Des controverses à n'en pas finir

10 janvier 2011

Il y a quelques jours, le Prince Ranarith, après avoir annoncé publiquement sa nouvelle rentrée politique en redevenant chef de son nouveau Parti qu'il avait délaissé quelques années auparavant, a crée une certaine surprise en accordant une reconnaissance formelle à l'évènement du 7 janvier, date de l'invasion des troupes vietnamiennes au Cambodge pour chasser Pol Pot du pouvoir. C'était là une grande première dans le processus politique national, puisque le FUNCIPEC dont il est issu, était l'une des composantes de la résistance nationale aux côtés des Khmers rouges de Pol Pot et du FNLPK de M.Son Sann, et qui n'ont jamais reconnu le fait accompli de Hanoi. Realpolitik selon les uns, trahison pour les autres ?

Une telle volte-face n'a rien de fortuit. En language courant, il y a peut-être anguille sous-roche.Mais l'hypothèse la plus plausible serait celle de ménager la
faveur et les susceptiblités du pouvoir, au moment précis où le Prince lui-même vient de faire sa rentrée politique. N'en déplaise à Bouddha et à tous les vrais démocrates, ce geste, visiblement intéressée, n'a rien arrangé les choses et n'apporte rien de positif pour le pays. Il ne sert à n'en pas douter que l'intérêt et la situation d'un individu, soucieux avant tout de sa petite personne, et point à ligne ! Quel dommage pour le peple khmer qui, comme on le sait, continue à souffir du calvaire à n'en pas finir !!! .

L'électricité : les prix en hausse !

Jeudi 4 février 2010

Le gouvernement vient de rendre publique sa décision de modifier le tarif d'électricité à Phnom-Penh et dans d'autres provinces. Désormais, les foyers phnompenhois devront payer plus chère leur consommation quotidienne, puisque le prix du kilowatt/heure passe de 390 riels à 610 riels pour une consommation mensuelle ne dépassant pas 50 kilowatt/heure, soit 56% plus cher que le tarif précédent. Pour la consommation qui dépasse ce seuil minimum, le prix du kilowatt/heure est porté à 720 riels, soit une augmentation de 18% par rapport à l'ancien tarif (610 riels par Kwh).
Selon les informations rapportées par la presse ( in Cambodia Daily du 4 février 2010), cette hausse est motivée par la nécessité de trouver des moyens susceptibles de financer de nouveaux investissements, permettant aux 48.000 foyers vivant dans les banlieues de Phnom-Penh d'accéder enfin à l'énergie électrique. Pour les pouvoirs publics, la hausse des tarifs ainsi décidée vont frapper les quelques 30.000 foyers résidant dans la capitale, qui, par le fait qu'ils devront payer l'électricité plus cher, apportent une notable contribution au profit de leurs compatriotes des banlieues . Solidarité oblige ! disait-on dans certains milieux politiques .

Mais une telle solidarité - si on peut parler de solidarité - semblait difficile à comprendre dans la mesure où elle ne concerne qu'une frange de foyers. Si l'on exclut les entreprises commerciales et industrielles qui constituent des poles de production, certains consommateurs dits privilégiés ne tombent pas sous le coup des mesures gouvernementales. C'est le cas des ambassades, des institutions internationales, des résidents étrangers, des ONG, etc.. qui paieront ainsi leur consommation électrique à un tarif moins cher que les citoyens ordinaires. On pourrait alors s'interroger sur le caractère discriminatoire d'une telle mesure. A un moment où de nombreux foyers rencontrent des difficultés en période de crise, comme celle qui vient de se passer, il serait logique que les pouvoirs publics prennent en compte ces charges supplémentaires engendrées par la hausse du tarif électrique sur le budget des ménages. Une hausse de 56% d'un seul trait ! cela parait à l'évidence trop lourd à supporter, surtout pour les familles modestes, parmi celles qui ont du mal à arrondir la fin du mois. C'est ce qu'en pensent la plupart des gens . Pourquoi dirait-on, ne pas procéder par pallier selon un calendrier et répartir la hausse sur plusieurs années ?

C'est trop facile de demander aux plus modestes de serrer la ceinture et de faire des sacrifices. Les pouvoirs publics n'auront-ils pas d'autres moyens pour financer de nouveaux investissements dans le domaine de la distribution de l'électricité ? N'est-il pas concevable de recourir aux emprunts publics, qu'ils soient d'origine internes ou internationaux, pour financer certains investissements de services publics ?

Manifestation à Kg. Speu :où en est le droit des villageois ?

Vendredi 26 mars 2010

Pour la 2è journée consécutive, des centaines de villageois se sont rassemblés devant le tribunal de Kg Speu pour protester contre l'arrestation de deux des leurs, accusés comme chef de file dans les violences perpétrées la semaine dernière dans une longue dispute de terrains qui les opposent à un richissime sénateur du CPP.

L'origine de cette dispute remonte à plusieurs années, lorsque ce sénateur bénéficiait d'une concession de terrain de 10 000 hectares pour en faire de plantation de cannes à sucre. Des villageois du district d'Omlaing ont confirmé que quelques milliers d'hectares de terrains qui leur appartiennent ont été unilatéralement englobés dans cette concession , ce qui est absolument inacceptable. D'où leurs déboires et leur colère !

Une telle affaire rappelle celles qui ont scandalisé l'opinion publique depuis des années. Une question lancinante est celle de savoir pourquoi ces cas malheureux continuent toujours à éclater en dépit de la sortie de la loi foncière en 2001. Cette loi qui devait en principe apporter une certaine solution à ces problèmes épineux, du moins les adoucir, comporte t-elle des insuffisances ou des ambiguités qui la rendent difficilement applicable ? Ou le manque de volonté politique suffisante en constitue un facteur décisif ?

La plupart des observateurs neutres pensent que la question de volonté politique est relativement importante, dans la mesure où tout forme un sytème interdépendant, de la nomenklature politique et affairiste, au système judiciaire, en passant par les intermédiaires de tous poils et les agents publics de divers niveaux etc.... Tout cela, dans un climat de corruption et dans une culture d'affairisme à tous crins, et la flambée de prix des terrains des années 2004 -2005 n'a fait qu'insuffler davantage ce mouvement d'euphorie affairiste. L'argent est partout, surtout dans la nomenklature. On achète beaucoup de terrains en espérant que cela rapportera beacoup après. On agrandit de plus en plus ses possessions, même en empiètant sur les propriétés des voisins, en recourant si besoin est aux juges ou aux autorités locales, sous prétexte de faire du développement . Ah, ce mot magique de développement ! qu'on utilise souvent pour endormir les consciences ou tout simplement pour tromper la vigilence des gens, en leur faisant croire que ce développement-là pourra profiter à eux-aussi.

Ces tours de prestidigiation là, les gens en ont tous compris la manoeuvre, ils en ont assez actuellement de la situation où ils sont toujours l'éternel perdant . D'où leurs réactions légitimes à défendre leurs intérêts et leurs droits. Ces diverses manifestations qui éclatent ici et là dans divers coins du royaume, c'est l'issue inévitable d'une situation extrême de colère et d'agacements de ces pauvres villageois dont les terres ont été littéralement spoliés. C'est l'expression d'un état de désespoir et de désillusion qui dure depuis des annés et dont ils ne maîtrisent plus ni les tenants , ni les aboutissants.
On ne pouvait que s'en inquiter devant l'ampleur du phénomène et ses conséquences imprévisibles qu'il puisse générer à moyen ou long terme pour la société tout entière .



Le yuan, arme de guerre économique ?

24 février 2010

Selon un grand quotidien francais - Le Monde- , en 2009, le produit intérieur brut (PIB) de la Chine, exprimé en dollars, est le troisième au monde, juste dèrrière le Japon et trois fois inférieur à celui des Etats-Unis. Ce classement résulte d'un calcul sur la base du taux change officiel fixe imposé par la Chine, taux fixé à 6,8265 yuans pour un dollar à partir du 28 février prochain.

Selon les calculs du Fonds monétaire international (FMI), le taux de change équilibrant, celui qui permettrait d'assurer le rééquilibrage des échanges extérieurs, serait de 3,40 yuans pour un dollar, soit moitié moins que le taux officiel. Sur cette base, estiment beaucoup d'experts, la Chine se classe déjà deuxième, avec un PIB presque double de celui du Japon et inférieur de 50% à celui des Etats-Unis.

Une sous-évaluation de 50% de la monnaie chinoise face au dollar est-elle une arme de guerre économique utilisée par Pékin dans sa stratégie de conquête du marché mondial ? Experts, économistes et politiques en sont pleinement convaincus. A preuve, pour maintenir un yuan faible et garder son avantage concurrentiel, la Chine achète massivement des titres libellés en dollars, financant la croissance à crédit et les déficits américains. Mais, ce déséquilibre, générateur de crises, paraît à bout de souffle.

La Chine pourrait-elle continuer ainsi longtemps à sous-évaluer sa monnaie ? Il semble bien que non, mais pour le moment, elle entend fermement décider seul de ses intérêts. Car, une réévaluation forte et rapide de sa monnaie diminuerait d'autant la valeur de ses avoirs en dollars, et elle pénaliserait en particulier les exportations d'habillements ou de jouets qui sont des secteurs utilisant beaucoup de main-d'oeuvre. Pékin, visiblement, ne semble pas se presser à court terme. Mais, à moyen ou à long terme, l'évolution vers un processus d'internationalisation du yuan se précise de plus un plus. Des accords de swaps (d'échanges) permettant d'utiliser le yuan dans les transactions commerciales ont été signés avec Hong-Kong, la Corée du Sud, la Malaisie, la Biélorussie, l'Indon;esie et l'Argentine en 2009. De plus, l'usage transfrontalier de la devise chinoise se développe avec les entreprises du Laos, du Vietnam, de Mongolie et de Russie, et cela depuis 2003.

Cette internationalisation progressive du yuan a un effet paradoxal : elle pousse la monnaie chinoise à la hausse, et le dollar, à la baisse. Plus le yuan est promu, plus la banque centrale de Chine doit acheter des bons de trésor américains afin d'éviter sa réévaluation. Donc logiquement, estiment certains experts, la Chine doit accepter une appréciation plus importante du yuan, et que à terme, elle rende sa monnaie convertible. Cela supposerait aussi une réorientation de l'économie, par exemple, vers la montée en gamme de ses produits et vers la consommation intérieure. Affaire à suivre.... .......

Un vaisseau américain au port de Sihanoukville !

Samedi 13 février 2010

Selon une information diffusée vendredi par l'ambassade US à Phnom-Penh, le vaisseau américain USS Patriot va accoster au port de Sihanoukville lundi prochain. Il s'agit d'un navire de 68 mètres de long jaugeant 1270 tonnes, avec à son bord 8 officiers et 78 marins. D'après l'ambassade américain, ce navire participe aux exercices annuels de routine avec la marine sud-coréenne et aux manoeuvres navales avec les forces japonaises. Les exercices des prochaines semaines concernent le controle des dommages et le secour en mer, y compris les recherches et les pannes techniques.

Ce qui semble assez surprenant, c'est le fait que ce passage semblerait inapercu de la part des autorités cambodgiennes. Selon The Cambodia Daily du 13-14 février, le Vice-amiral Uk Seiha, commandant du port militaire de Ream, affirmait ne pas etre au courant de l'arrivée du vaisseau américain à Sihanoukville.
Meme s'il s'agit d'un navire de guerre, il fallait demander officiellememt l'autorisation du pays d'accueil. C'est la règle première en droit international, s'agissant d'une question de souveraineté de l'Etat.

Mais on peut s'interroger en outre sur l'opportunité de cette visite du vaisseau américain. Cette fois- ci, c'est la cinquième fois que Sihanoukville accueille les unités navales américaines , depuis que les deux pays ont renoué des relations militaires bilatérales voilà bientot six ans. Quel était l'objectif essentiel de ces visites ? Amicales, politiques ou purement stratégiques à moyen et long terme ?

Cambodge : le bien-etre social en question ?

Jeudi 18 février 2010

Les Nations Unies et la Banque asiatique de développement vient de rendre public un rapport dans lequel ils ont conclu que la crise économique mondiale avait poussé le Cambodge à faire fausse route ( The global economic crisis had put Cambodia "off track" ) et que par conséquent ce pays doit mettre l'accent sur des mesures tendant à améliorer le bien-être social de la population.

Le rapport a mis en parallèle le Cambodge avec le Népal et le Laos en précisant que ces pays prendraient beaucoup de risques s'ils ne faisaient pas suffisamment d'efforts pour diminuer l'état de pauvreté et de malnutrition des enfants.

Ce constat repose sur le fait que 20% seulement de la population cambodgienne sont couverts par le système de protection sociale. Plus de 1% du PIB seulement sont consacrés aux dépenses sociale, soit manifestement un taux plus faible que celui en cours au Pakistan, au Népal et au Bengladesh. A cet égard, Mme Ursula Schaefer-Preuss, vice-présidente de la Banque Asiatique de Développement fait remarquer que si des mesures ont été prises jusqu'ici, elles s'orientent plutôt vers d'autres secteurs que celui de la protection sociale. "Si nous voulons aider les victimes de la crise et atteindre les objectifs du millénium, alors là il convient d'augmenter notablement les dépenses sociales , a t-elle ajouté ".

Et la réduction de la pauvreté ? Le rapport en a fait allusion en soulignant que peu de progrès ont été réalisés sur 9 indicateurs, dont l'accès à l'enseignement primaire, l'achèvement des études, la mortalité infantile, la malnutrition chez les enfants et les soins en faveur des femmes enceintes.

Dans une interview, Ajay Markanday, représentant de la FAO à Phnom-Penh, soutient l'idée selon laquelle il fallait développer les investissements dans l'agriculture et aider les ruraux, si on voulait réduire le taux de pauvreté dans ce pays.

Réflexion faite, toutes les idées qui été émises dans ce rapport, sont des idées justes. Ces idées-là, elles ont été lancées depuis une quarantaine d'années par tous les experts, techniciens ou homme politiques, qui se penchent sur le problème de développement au Cambodge. Pour que ce pays se développe, avaient -ils dit, il fallait donner la priorité à l'agriculture, aider les paysans à augmenter leur production et leur offrir un cadre de vie convenable à travers un sytème d'aménagement de la vie communautaire. etc..... Tout cela est juste et pertinente à cent pour cent, on n'y trouve rien à redire. Mais le malheur, c'est que toutes ces bonnes paroles et ces belles promesses seront vite oubliées le lendemain , elles n'y aura que très peu de suites concrètes.
Que d'espoir décu ou d'illusions perdues !



Le traité de 1907

17 février 2010

Le ministre cambodgien de l 'information, Khieu Kanhnarith, a déclaré le 15 février, que les relations entre la Thailande et le Cambodge pourraient etre normalisées, à la condition que la Thailande reconnaissait le traité du 23 mars 1907. Que dit ce traité ?
Dans son article premier, le traité stipule en ces termes : "Le Gouvernement Siamois cède à la France les territoires de Battambang, Siemreap et Sisophon dont les frontières sont définies par la clause I du protocole de délimitation ci-annexé".

Ce traité de 1907 fait suite à la Convention du 13 février 1904, en vertu de laquelle le Siam et la France étaient tombés d'accord sur la nécessité d'assurer le règlement final de toutes les questions relatives aux frontières communes de l'Indochine et du Siam. Cette convention a établi d'une manière générale une frontière dont le tracé exact devait etre délimité par une Commission mixte franco-siamoise. Cell-ci détermine entre autre la frontière dans le secteur de Dangrek et indique clairement que le temple de Preah Vihear et ses environs sont en terre cambodgienne. C'est net, clair et précis.

On se demande pourquoi, les autorités thaies s'évertuent toujours à nier la réalité, en soulevant notamment l'existence d'une soi- disante "zone blanche" devant le temple khmer de Preah Vihear ? Pourtant, dans son arret du 15 juin 1962, la Cour Internationale de Justice de La Haye, a confirmé bel et bien la souveraineté du Cambodge sur le Temple de Preah Vihear et ses environs, en vertu de la ligne frontière établie par une commission mixte franco-siamoise. La Thailande accepte l'arret de la Cour et ne fait pas appel pendant les dix années qui suivent pendant lesquelles elle pouvait le faire. Pourquoi, ce reveil à retardement au moment précis où ce Temple khmer venait d'etre inscrit en juillet 2008 sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité ?

La crise économique globale : quels effets sur le Cambodge ?

L'économie cambodgienne- et ce n'est un secret pour personne- repose sur quatre piliers: l'agriculture, l'industrie de confection, le tourisme et le secteur de construction et de l'immobier. Avant la crise de 2008, ces secteurs avaient connu une performance parmi les élevées de l'Asie. Un tourisme toujours en hausse (plus de 23% en 2006), une industrie de confection qui a progressé de 20% en 2005 et de 22% en 2006 malgré une vive concurrence, une activité de construction avec un boom de plus de 15,7% en 2006, une agriculture en progression de plus de 16% en 2007.

Dans ce tableau assez réjouissant, la crise économique interna- tionale arrive, elle frappe de plein de fouet l'économie cambod-gienne, comme celle des autres pays asiatiques.

Selon les dernières estimations du Fonds Monétaire Interna-tionale (F M I ) , la croissance devient négative, moins 2,75% contre 6,7% en 2008, avec possibilité de rebond de 4,25% en 2010. Le déficit du compte courant est estimé à 5,5% du PIB, tandis que le décit budgétaire peut atteindre 6,75% du PIB en 2009, contre 2,75% en 2008. Une telle aggravation des finances publiques ets due principalement à la chute des recettes, et surtout à la progression des dépenses; estimées à 18,8% du PIB, alors que les recettes ne représentent que 12% du PIB.







Les incidences aux frontières

6 février 2010
Les récentes incidences de frontières entre le Cambodge et son voisin thailandais ont à nouveau envenimé les relations, déjà tendues, entre les deux pays. Ces incidences sont devenues de plus en plus fréquentes, meme si elles ne se révèlent pas trop meurtrières. Du coté khmer, on accuse les thailandais de provocation sytématique, en arguant que les forces cambod-
giennent ne font que leur devoir, celle de défendre la souverai- neté et l'intégrité du territoire national. Coté thailandais, on se défend de diverses facons, en utilisant certains prétextes, difficiles à comprendre du coté de Phnom-Penh.
Deux questions majeures peuvent etre posées ? Pourquoi les deux protagonistes ne vont-ils pas tenter de recourir à la voie de l'arbitrage en vue de trouver une solution amiable s'ils ne parvenaient pas à trouver une solution amiable ? L'impasse est totale, d'innombrables entrevues et réunions interpartites restant infructueuses. L'ASEAN ou un pays tiers accepté par ces deux protagonistes pouvaient-ils etre servis de tremplin ou de pont en vue de nég0ciations fructueuses destinées à touver une solution acceptable par les deux parties intéressées ?
A moins que les deux capitales intéressées ne reconnaissaient explicitement l'existence d'un conflit au regard du droit international. le différend pourra etre éventuellement porté devant la Cour internationale de La Haye. Pour le moment, on n'en est pas encore là. Attendons la suite des évènements.......

Problèmes d'emploi

Mardi 9 février 2010

Sur le plan quantitatif, le Cambodge figure actuellement en bonne place en Asie en matière de progrès dans l'enseignement supérieur. Une centaine d'établissements universitaires ou techniques, publics et privés pour une population de près de 14 millions d'habitants ! Chaque années, environ 200.000 diplomés sortent de ces établissements, ce qui est un chiffre relativement impressionnant, un signe de fierté pour certains milieux politiques.

Mais le revers de la médaille est bien entendu l'emploi. Peu de jeunes diplomés ont pu trouveer un emploi convenable, correspondant à leur formation et à leur spécialité. Une telle situation n'est une surprise pour personne, elle provient de deux facteurs essentiels.
D'une part, notre économie, méme si elle progressait à un taux relativement élevé - 6,8% en moyenne de 1994 à 2004 selon le FMI- n'a pas crée suffisamment d'emplois pour les jeunes. A part l'industrie de confection qui procure environ 350.000 d'emplois, les autres secteurs ne sont pas encore en mesure d'en créer de nouveaux. Le secteur agricole qui emploie environ 74% de la population active, ne contribue que pour 29% du produit intérieur brut. Le taux de croissance reste encore bas, soit 2,5% en moyenne selon le FMI. contre 10% pour l'industrie et les services. A part la fonction publique et l'industrie de confection qui sont les deux plus grands employeurs, les autres secteurs ne sont pas encore de taille à créer de nouveaux emplois pour les jeunes. Meme avant la crise, le marché du travail se trouvait déjà amplement saturé. Une étude faite il y quelques années par des spécialistes australiens et américains ont montré que sur 9 jeunes diplomés qui sortent des universités khmères, un seul peut trouver un emploi, le 8 autres restent encore au chomage.

D'autre part, le deuxième facteur qui joue en défaveur de nos jeunes , est celui de l'inadaptation de la formation par rapport au besoin de l'emploi auquel ils postulent. Selon un rapport établi en 2008 par le CAMFEBA ( Cambodian Federation of Employers & Business Associations ), les employeurs ont besoin des candidats travailleurs qui possèdent des connaissances pratiques et techniques suffisantes sur l'emploi. Or, la plupart ont trouvé ces connaissances relativement insuffisantes ou d'un niveau très bas.Environ 13% seulement d'employeurs trouvent que les jeunes diplomés disposent complètement ou suffisamment de connaissances nécessaires qui répondent à l'emploi corresondant. D'où des efforts seront encore à faire pour complèter cette insuffisance, ce qui demande la durée d'une génération, a conclu le rapport. Deux ou trois décennies perdues en matière de formation ! Quel gachis pour la nation tout entière !

C'est quoi la soi-disante zone blanche ?

Lundi 8 février 2010

Quand on parle de problèmes de frontières avec nos voisins, on évoque souvent le terme de "zone blanche" pour désigner une zone qui ne fait l'objet d'une délimitation précise sur une carte, où chaque pays concerné ne reconnait aucune autre souveraineté que la sienne sur cette portion du territoire. C'est donc une sorte de no men's land où tout passage est interdit à qui que ce soit.
Cette notion de zone blanche est une pure invention vietnamienne. Dès 1979, le Vietnam qui a envahi et occupé le Cambodge, a soutenu que les cartes de frontières laissées par la France sont relativement "floues", donc non susceptibles d'application. D'où la la création d'une vague notion de "zone blanche" le long des frontières khmèro-vietnamiennes.
On peut se demander de quel régime juridique, en droit international relève cette soi-disante zone ? Des accords bilatéraux entre pays limitrophes, des conventions interna-tionales ou de certains principes de droit international ?

La réponse à ces questions semblait assez délicate. Souvent, les responsables des pays concernés évitent de parler officiellement si de tels problèmes se posent, de peur d 'être sévèrement critiqués par leurs concitoyens, qui pourraient les suspecter de faire des concessions inacceptables , aux dépens de l'intérêt national. D'une manière générale, s'agissant des problèmes de frontières, la thèse maximaliste et radicale prévaut. On rejette en bloc tout ce que l'autre côté propose. ce qui bloque souvent le processus de négociation. Une posture d'équivoque ou d'ambiguité , de quelque forme que ce soit , n'est pas la voie à suivre, elle est même proscrite, sauf en cas où on ne pouvait faire autrement, ne serait-ce que pour gagner du temps.

Ce qui s'est passé le 5 février dernier relève bien de cette drôle d'histoire de zone blanche. Une dizaine de militaires thais font irruption dans un village khmer de Thmar Pourk, province de Banteay Mean Chey, pour sommer nos villageois de cesser immédiatement les travaux de creusement des bassins d'eau destinés à l'élevage des poissons. Comme prétexte, ils ont précisé que "ces étangs sont situés dans la zone blanche, donc ils ne peuvent en aucun cas être creusés" (sic) . Un villageois nommé Nuon Luy, agé de 42 ans, très surpris par tout ce qui s'est passé jeudi dernier, disait en substance : " Cette zone blanche-là, c'est quoi au juste, s'est-il demandé ? Comment les thais pouvaient- ils l'affirmer d'une manière aussi péremptoire, puisque de nombreux villageois avaient transformé cette zone en rizières et créé des bassins piscicoles, et ce, depuis déjà de longues années ? " .

La vraie question est de savoir de quel droit ces militaires thais se permettent-ils d'affirmer d'une manière unilatérale que ce petit bout de territoire de Tmar Pourk est qualifié comme zone blanche ? Les autorités khmères, en l'occurence le Comité des frontières à Phnom-Penh, le savaient- elles ? De deux choses l'une . Ou ce serait une pure provocation à des fins purement politiciennes, puisque de telles incidences viennent de se produire il y a quelques jours, et venaient s'ajouter à d'autres incidences dans le contexte des tensions actuelles entre les deux pays ? Ou encore les Thais - comme les Vietnamiens aussi- ont voulu utiliser ce vague et curieux concept zone blanche, dont on ne sait de quel régime juridique il relève, comme l'un des moyens les plus commodes et les plus pernicieux, pour grignoter progressivement certaines portions de territoires khmers. L'histoire a d ailleurs montré que nos deux voisins - de surcroit rapaces et expansionnistes- n'hésitent guère à utiliser divers stratagèmes, y compris les plus vils, pour ravir les terres khmères comme par le passé. Que tous tous les Khmers n'oublient jamais cette vérité. Vigilence oblige!


Impact du secteur confection dans l'économie khmère

11 février 2010

Selon le ministère du commerce cambodgien, les exports de 2009 ont accusé une baisse de 15,83%, du fait que les recettes d'export provenant du secteur confection chutent de 19,19%. Pour une recette totale de 2,66 milliards de dollars, 90% environ proviennent de ce secteur , alors que les exportations de chaussures n'en procurent que seulement 4%. Ces deux produits, à eux-seuls, contribuent pour 94% de la totalité des valeurs exportées, les autres produits n'en fournissant que seulement 6%.

Un tel chiffre révèle à l'évidence la fragilité de notre économie, du fait qu'elle repose ses recettes d'exportation sur une seule actvité dominante, à savoir l'industrie de confection. A l'instar des pays à monoculture ou à monoproduit, comme dans le cas des produits pétroliers, le risque est que les prix de ces cultures ou ces produits sont soumis à de fréquentes fluctuations, c'est-à dire une tendance à la baisse, au gré de l'evolution du marché international ou des conjonctures politiques. Ces évènements perturbateurs sont souvent imprévus, imprévisibles et dévastateurs. Ils ont pris de court les dirigeants politiques, les hommes d'affaires, les entreprises, bref ce petit monde de décideurs qui, par leurs erreurs de calcul, par myopie, ou par manque de courage, n'ont pas pu ou pas su prendre des mesures de prévoyance ou de protection appropriées, pour remédier à temps les dégats. Et les conséquences finales retombent toujours sur la masse du petit
peuple, sur les producteurs primaires, lesquels devront faire face à la mévente de leurs productions ou à la baisse drastique de leurs prix.

Dans ce monde globalisé actuel, l'économie khmère offre cette image de fragilité et d'incertitude, comme un certain nombre de pays en développement. Une activité exportatrice centrée sur un produit unique, ne peut assurer une croissance stable et soutenue, dans la mesure où son prix ou la demande sont constamment sujets à de fortes incertitudes liées à la conjoncture économique internationale. La crise financière de 2007-2008 puis la crise économique qui s'en est suivie, en sont la preuve probante de cette insécurité, puisque l'une comme l'autre ont durement frappé l'économie mondiale, et avec elle la frele économie cambodgienne. Quelques points de croissance en moins, des dizaines, pourquoi pas des centaines de milliers de pertes d'emplois, des déficits publics records etc... tels sont les impacts de ces deux crises sur notre économie . Comment s'en sortir ? Et par quel moyen ?

Beaucoup d'idées ont été émises. Mais l'une d'elles,primordiale à mon sens, semble etre la diversification de notre économie. Il importe en effet de diversifier la production de produits exportables, donc de ne plus compter sur quelques produits pour développer nos exportations, comme les produits de la confection ou des chaussures, qui comme on a vu, procurent grosso modo plus de 94% des recettes d'exportations. Si par malchance, il y avait une crise de demande affectant ces produits comme c'est le cas actuellement, l'économie nationale serait gravement affectée; elle ne peut en aucun cas rester intacte, puisque cet important secteur contribue pour plus de 16% du PIB et fournit 350.000 emplois environ, soit un peu plus que la fonction publique qui est le premier employeur du pays.

Diversifier l 'économie revient donc à accentuer les efforts sur la production d'autres denrées exportables, respectant les normes de qualité, d'hygiène, et surtout dotées d'un système de prix concurrentiels. Bien entendu, cela ne se réalise pas en une semaine ou un mois. Il faut s'y préparer sérieusement, selon un programme précis, coordonné et progressif. Car, le travail exige une volonté politique déterminée, selon un concept clair et bien ordonné des pouvoirs publics. Il s'agirait, à n'en pas douter, d'une bataille, -une vraie bataille- dont l'objectif majeur est de conquérir les marchés, non seulement en Asie, mais aussi et surtout aux Etats-Unis et en Europe. Pour la réussite d'une telle entreprise, il appartient à l'Etat de concevoir et de planifier les opérations, en coopération étroite avec le secteur privé, quitte à ce dernier de se lancer dans le processus de réalisation proprement dite. Tous les organismes publics concernés doivent se mobiliser, sinon prêter leur assistance en cas de besoin à nos exportateurs à travers divers moyens, financiers, fiscaux ou administratifs. Aux pouvoirs publics la mission d'impulsion, de direction et de coordination, au secteur privé la direction des affaires. Partage du travail
oblige !



Loi anti-corruption

Jeudi 11 mars 2010

L'Assemblée nationale commence aujourd'hui l'examen du projet de loi relative à la lutte contre la corruption. Elle compte terminer son travail assez rapidement comme le voulait le gouvernement. Y aurait-il quelque chose de suspect dans cette brusque volonté d'accélérer la sortie de cette loi, alors qu'elle était dans le placard depuis 15 ans ? Le Premier ministre a d'ailleurs fait remarquer qu'il ne peut attendre encore longtemps comme le souhaitaient la société civile et l'opposition. Ces derniers demandent un certain délai de réflexion, pour qu'ils puissent donner un avis sur un texte, qu'ils considèrent comme particulièrement important pour la vie nationale.

Au-delà de ces polémiques, le texte de loi souffre de quelques ambiguités et d'insuffisances qui méritent d'être comblées autant que faire se peut.
Des ambiguités d'abord. Le projet ne fait pas de distingo entre la corruption et le trafic d'influence, entre ce qui est passif et ce qui est actif, car les peines ne pourraient être les mêmes. En cas de corruption, par exemple, ce qu'on qualifie de passif, concerne les agents publics, et ce qui est qualifé d'actif, ne concerne que ceux qui corromptent les agents publics. Autrement dit, dans la même infraction, il ya d'un côté le corrompu, et de l'autre côté le corrupteur.
Ce qui différencie le trafic d'influence de la corruption, c'est le fait que dans le 1er cas, l'agent public abuse de son influence réelle ou supposée, en vue de faire obtenir une décision favorable d'une autre personne dépositaire de l'autorité publique. Tandis que dans le cas de corruption, l'agent public recoit quelque chose d'une personne, soit parce qu'il accomplit, soit qu'il s'abstient d'accomplir un acte de sa fonction ou de sa mission. En général, les peines sont plus sévères pour les actes relevant de la corruption que pour les trafics d'influence. En droit francais, par exemple, les peines sont de 10 ans d'emprisonnement et de 150 000 EUR d'amende pour la corruption, elles sont de 5 ans de prison et de 75 000 EUR d'amende pour le trafic d'influence.

En ce qui concerne la déclaration des biens visée par l'art.18 du projet, aucun critère sur la définition de la nature des biens et des dettes n'est indiquée. Que se passe t-il en cas de dissimulation d'informations, car la tentation de sous-estimation des biens est grande. Comment vérifier la fiabilité des informations ? Le service de lutte contre la corruption spécifié à l'art. 11 du projet aura t-il les moyens suffisants en personnel et en budget pour faire correctement le travail ?

On peut aussi s'interroger sur la crédibilté et l'efficacité des structures de travail des organes chargés de la la lutte contre la corruption.
D'abord, le caractère bicéphale de la structure : un conseil et un bureau d'exécution. Le premier, de par sa mission de réflexion et de proposition, jouerait sans nul doute un rôle un peu effacé. Aura t-il de l'influence et de l'autorité sur le bureau d'exécution qu'il contrôle ? On n'en sait rien pour le moment. On verra bien par la suite dès que les deux organes commenceront à fonctionner.
Un autre problème aussi important est celui de la composition. Pour garantir la neutralité de ces 2 organes, il convient de désigner parmi leurs membres des personnalités neutres, n'appartenant à aucune formation politique. Autrement, ils subiront plus ou moins de pressions ou d'influence de l 'autorité qui les ont désignés. Pour assurer une large autonomie à ces 2 organes, il importe que leurs membres soient désignés ès-qualité, c'est-à-dire qu'ils n'ont de compte à rendre à personne une fois désignés, sauf à l'Etat ou au peuple pour la cause desquels ils sont appelés à servir.

Un autre point mérite aussi d'être élucidé. Il s'agit de savoir si tout le monde jouira du même traitement face à la loi. Des agents publics ordinaires, des simples citoyens, d'un côté, des membres du gouvernement, des parlementaires, des membres des corps constitués, des hauts magistrats, de l'autre, seront-ils soumis aux mêmes tribunaux de droit commun ? La question mérite d'être soulevée, car ces deux catégories de gens, même si on peut les considérer comme de simples citoyens, tous égaux devant la loi, ne disposent en principe du même statut social. Ils forment ainsi deux groupes distincts, ceux qu'on classe généralement dans la catégorie des hommes politiques, et ceux qu'on considère comme des agents publics normaux. En droit francais, comme en droit khmer en vigueur sous le Sangkum et sous la République khmère de Lon Nol, les hommes politiques sont justiciables devant une juridiction spéciale qui a pour nom la Cour Spéciale de la République comme en France, ou la Haute Cour de Justice comme au Cambodge de 1947 à 1975.
La question est de savoir si on pourrait suivre ces exemples et appliquer un régime de traitement différent selon qu'il s'agit des hommes politiques ou des agents publics ordinaires. Si la réponse est positive, il est nécessaire d'amender la Constitution, en y ajoutant un nouveau chapitre prévoyant la création d'une Cour de justice spéciale pour juger les hommes politiques. Cela ne relève d'aucune discrimination, mais plutôt d'un peu de respect d'une coutume en usage dans beaucoup de pays dans le monde .








A propos du 'Social Fund" : un parfum de scandale ?

Jeudi 6 mai 2010

Depuis quelques jours, on parle beaucoup du "Social Fund", et surtout de l'opacité dans son utilisation. Le parti d'opposition - le Parti Sam Rainsy, vient d'interpeler le gouvernement sur l'affaire des sommes de plusieurs millions de dollars, respectivement versées par la compagnie pétrolière francaise TOTAl - 28 millions dollars - et par la société australienne BHP Billiton- 2,5 millions dollars. Dans sa lettre du 5 mai, le député SON CHHAY a demandé au Vice-Premier ministre SOK AN, responsable de l'Autorité Nationale de Pétrole et des Mines, d'expliquer comment le gouvernement administre ces recettes dans le cadre du fameux "Social Fund" dont le caractère opaque de son fonctionnement intrigue beaucoup de monde. Y aurait-il anguille sous roche derrière cette affaire abracadabrante , dont la transparence est loin d'être prouvée ?

Ce "Social Fund " fut créé en 1995

Les dirigeant khmers et la notion de responsabilité

Mercredi 5 mai 2010

Le Cambodge est décidément un curieux pays . Qu'on en juge ! Le procès en cours des hauts responsables khmers rouges en donne un exemple frappant. Depuis le cas de Duch, ce redoutable boucher de Tuol Slèng, jusqu'à celui des quatre autres leaders khmers rouges, on est frappé par la ressemblance de la démarche de la défense. Celle-ci , en effet, sous divers prétextes, demande toujours la libération des prévenus hors des lieux de détention. L'argument utilisé est simple : aucune preuve suffisante n'est étayé pour démontrer leur responsabilité quant aux crimes qui leur sont reprochés entre 1975 et 1979. Avait- on vu l'exemple d'un recours
semblable devant le tribunal de Nuremberg ou de Tokyo lors des procès des criminels de guerre nazis ou japonais ?

Pourquoi une telle démarche, alors que les preuves sont-là, elles sont évidentes, flagrantes et irréfutables. Des centaines de charniers, disséminés à travers tout le pays, qui démontrent de manière visible, objective et pertinente de la monstruosité des entreprises khmers rouges. Plaider non coupable, donc pas responsable, telle est la ligne de défense adoptée par les accusés devant la Cour. Quel culot, comme disent les gens de la rue !

Au-delà de cet exemple frappant de manque de courage, de dignité et d'honnêteté chez les leaders khmers rouges, cela me fait penser à d'autres périodes de notre histoire nationale. Sans les désigner nommément, puisque la plupart de nos compatriotes le savaient, la plupart des leaders nationaux ont attrappé cette espèce de maladie congénitale, celle de l'irresponsabilité. En terme simple, c'est la même chanson, la même rengaine qu'on fredonne : " je ne fais rien de mal, j'aime bien mon peuple, mon pays, si cela va mal, c'est la faute des autres, de mes ennemis, de certains pays, qui ne m'aiment pas, etc......etc ..... " .

Une telle propension à se défiler allègrement devant sa responsabilité devient une posture permanente , dans laquelle se cramponnent la plupart des dirigeants khmers. Cela les incite d'autant que l'impunité devient une véritable culture nationale. A cet égard, le procès actuel des dirigeants khmers rouges constitue vétablement une grande première dans l'histoire du Cambodge, que certains continuent à considèrer comme un pays de cocagne qui vit dans cette vieille croyance désuète que " le chef ne peut mal faire " , donc il est irresponsable.

Cette notion d'immunité et d'irresponsabilité des chefs est définitivement révolue. Le principe universel est que tout individu, quel que soit son statut social ou politique, doit être responsable. Comme disent précisément les juristes, la responsabilité est la règle, l'irresponsabilité l'exception. Personne n'est au-dessus de ce pricipe, et a fortiori nos dirigeants politiques !